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FRANCE - AUSTRALIE, LE COMPTE RENDU
Samedi dernier, les bleus recevaient les Wallabies à 21h au Stade de France avec la ferme attention de remettre les pendules à l’heure après les trois gifles reçues en Juin dernier. Depuis Shanghai, avec 7h de décalage horaire, on a maté tout ça. Et putain, on a apprécié ce qu’on a vu.
Y. Huget: "Les gars, je m'assois ou???"
UNE VICTOIRE QUI FAIT BEAUCOUP DE BIEN
Pour LE gros test de cette tournée automnale, PSA a décidé de reconduire le même 15 de départ que celui victorieux des Fidji une semaine plus tôt. Les consignes sont claires : Une conquête efficace, beaucoup d’agressivité sur les points d’impact, et jouer les coups à fond afin de prendre rapidement le score et d’étouffer les Aussies.
Dès la sortie des vestiaires, on sent que les joueurs sont déterminés, à l’image d’un Thierry Dusautoir ultra concentré dans le couloir et décidés à guider les siens comme il a su si souvent le faire par le passé. La Marseillaise, chantée à l’unisson et avec ferveur, suivie par tout le stade, rappelle aux Australiens qu’on est chez nous. Et Mon Dieu que ça fait du bien !
L’entame de match confirme cette impression. Sur 4 ou 5 temps de jeu, la défense Française fait reculer et asphyxie son adversaire. L’occupation du terrain est à l’avantage des bleus et cette domination est concrétisée très tôt par Tillous-Borde (parfait dans son rôle de demi de mêlée dynamiteur) suite à une mêlée chahutée sur les 10m Australiens.
Outre les 10 dernières minutes de chaque mi-temps, le XV de France aura été maître de son sujet, supérieur dans l’agressivité et dans l’utilisation du ballon. A l’image d’un Camille Lopez plus qu’intéressant dans l’animation offensive, nos protégés se sont montrés réalistes, scorant sur quasiment tous leurs temps forts. En défense, avec 94% de plaquages réussis, ils ont été quasiment irréprochables (Le Roux et Dusautoir en tête), excepté justement à la fin de chaque mi-temps.
DOCTEUR JEKYLL, MISTER HYDE
Tout va bien dans le meilleur des mondes alors ? Pas si sûr. Si les Bleus ont été tant supérieurs, alors comment expliquer un écart de 3 points seulement au coup de sifflet final ? Petit paradoxe, il semble.
Il y a effectivement, malgré la victoire, un certain nombre de points à corriger. Normal, on allait pas passer de la médiocrité à la perfection totale en deux matchs et avec autant de nouveaux joueurs testés. En pagaille, on peut noter les sautes de concentration après avoir marqué (En 1ère mi-temps, les français ont scoré trois fois. A chaque fois, les Australiens ont profité des erreurs Françaises pour recoller au score dans les minutes qui suivaient), les problèmes de liaison en mêlée ou encore l’incapacité à tenir le ballon et à sortir des ballons propres à mesure que les temps de jeu se succèdent.
En fin de compte, le plus grand reproche que l’on puisse adresser à cette équipe, c’est son inconsistance sur 80 minutes. Collectivement comme individuellement, les Bleus ont fait de bonnes choses, comme de moins bonnes. Sous ce filtre, La copie rendue par Teddy Thomas, entre son magnifique essai et ses errements défensifs, est très représentative de ce propos.
Evidemment, on peut et on doit espérer qu’un vécu commun plus conséquent permette à ce groupe de gommer ses inconsistances, à condition bien entendu que le staff se décide à le stabiliser.
CAMILLE LOPEZ, LE MESSIE ESPERE?
Ca y est la hype Camille Lopez peut commencer. Et ce n’est pas remettre en cause ses prestations, son talent et son potentiel que de dire cela. Deux bons matchs consécutifs avec le XV de France lui offre un certain crédit auprès des sélectionneurs, mais aussi du public. Alors, est-il l’ouvreur après qui Saint-André court depuis son intronisation ? A-t’ il les épaules assez large pour réussir à un poste très exposé, auquel tous ses prédécesseurs se sont vautrés chacun leur tour ? Personnellement, j’ai envie d’y croire, et pour plusieurs raisons.
Déjà, c’est un bon défenseur, solide à l’impact. Samedi, il a réussi un 11/12 au plaquage. En décembre dernier, il se fait opérer d’une déchirure des ligaments croisés du genou droit. Un mal pour un bien si l’on en croit Clément Guillaume, un pote qui a subi le même sort que Lopez. «Quand je l’ai croisé à Cap Breton (centre de rééducation spécialisé pour le genou, NDLR), c’était au mois de mars, il recommençait à peine à marcher. Il avait mis à profit ses trois premiers mois de convalescence pour faire de la musculation et de la natation afin de se renforcer le haut du corps. Il semblait déterminé, bien dans sa tête quoi. J’en profite pour faire une bise à ma mère ». Il a donc pris de la bouteille physiquement, ce qui lui permet de désormais rivaliser face aux gros gabarits. Historiquement, le poste d’ouvreur a toujours constitué une lacune défensive. Avec Lopez, ce n’est peut-être plus le cas.
Par ailleurs, il est fiable au pied (6/7 samedi dernier face aux perches). C’est toujours un plus, ça permet d’asseoir une certaine légitimité par rapport au groupe.
Sur les deux premiers matchs de cette tournée, tout comme lors de ces sorties avec Clermont, il anime bien le jeu, variant entre occupation du terrain, jeu au large et prises d’intervalles. Il prend des risques qui s’avèrent souvent payants.
Il est donc un ouvreur complet, qui a la chance de profiter d’une place de titulaire à Clermont. Un club qui joue les premiers rôles en championnat et coupe d’Europe. Cela lui permet donc d’acquérir du temps de jeu, de l’expérience des matchs couperets et des automatismes avec ses partenaires (dont beaucoup jouent aussi en équipe de France).
Mais plus que les qualités énoncées précédemment, c’est un simple fait de match entrevu samedi soir qui me rend optimiste à son propos. En début de match, sur deux renvois consécutifs qu’il veut inverser, il se plante et envoie le ballon directement en touche, de quoi le faire cogiter. C’est d’ailleurs ce que Matthieu Lartot et Fabien Galthié ont craint à l’antenne. Mais ces deux erreurs seront les deux seules siennes jusqu’à la sirène. Le reste de sa partie est irréprochable, si ce n’est un échec face aux perches. Cela tend à prouver qu’il est bien et fort dans sa tête, qu’il est conscient de ses propres forces et qu’il a les épaules pour assumer ce rôle tant exposé de numéro 10 de l’équipe de France.
«Alors Rémi (Tales, NDLR), il me va comment le flocage n°10 dans le dos ? »
ET MAINTENANT?
Il faut enchaîner. Une troisième victoire consécutive serait gage de tournée réussie et apporterait son lot de certitudes. Si Saint-André applique depuis un certain temps la politique de l’homme en forme, il est temps de dégager un groupe, de faire confiance à certains joueurs. Il est impératif de trouver une colonne vertébrale stable (2-8-9-10-15) qui puisse stabiliser l’équipe. Tout le problème réside dans les blessures. Entre un calendrier surchargé et les conflits entre la LNR et la FFR, il est difficile de posséder de tous ses meilleurs éléments au même moment.
Mais si on se prend à rêver d’une telle situation, voici ma colonne vertébrale (je m’engage, mais ça n’engage que moi) : Kayser – Picamoles – Tillous Borde – Lopez – Dulin
On va s'en mêlée

