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courage

LES BLEUS DANS LES YEUX

 

 

Le tournoi de Six Nations 2014 a rendu son verdict. La facilité serait de critiquer la performance globale de l’équipe sur le tournoi tant elles ont été inégales. Faisons une analyse match par match, pour rafraichir les mémoires.

 

 

ANGLETERRE

 

On s’est tous enflammés après la victoire arrachée dans le money time sur cet essai de de 80 mètres conclu par Gaël Fickou. On fait une excellente entame de match dans l’envie et dans l’engagement et lors de laquelle tout nous réussit (2 rebonds favorables pour deux essais de Huget). Puis, par un manque de maîtrise, et aussi car les anglais sont de sacrés clients, on lève le pied et on subit de plus en plus face à la puissance de la perfide Albion. On a du cœur, parce que je suis persuadé qu’on aurait craqué bien plus franchement quelques mois plus tôt. Finalement, on trouve le courage pour aller scorer dans les dernières minutes et l’emporter. Mentalement, j’ai trouvé ça très fort de trouver les ressources pour aller planter cet essai (cette dernière passe de Szarzewski pour Fickou, qui cadre deux défenseurs, c’est un bijou. Il nous la fait en finale de coupe du monde, il est élevé au rang de héros national et postule pour la légion d’honneur. Oui messieurs) alors que l’on s’était fait concasser pendant 40 minutes par les charges surpuissantes adverses.

 

Score final : 26 – 24

 

Côté performances individuelles, je retiens un gros match de la troisième ligne (Nyanga – Picamoles – Le Roux), avec une mention particulière pour Nyanga, qui malgré deux fautes au sol qui nous coutent cher, a constamment mis l’équipe dans le sens de la marche par son athlétisme et sa tonicité, avec une grosse capacité à faire jouer derrière lui (notre plus gros manque actuellement, on y reviendra).Bon match du cinq de devant aussi, qui a dominé son homologue en mêlée, mais qui a subi la puissance anglaise dans le jeu courant. Doussain et Plisson font un match plus que correct à la charnière pour une première, en se montrant (très) entreprenant, avec du déchet cependant.Dulin, sans être étincelant, confirme qu’il a le rugby inscrit dans son ADN et qu’il peut faire très mal à n’importe quel moment. Finalement, ce sont les remplaçants qui ont tous été performants et décisifs en entrant (Slimani plie son vis-à-vis en mêlée, maestri apporte beaucoup dans le combat, Machenaud et Fickou de la vitesse, Szarz cette passe magique).

 

 

ITALIE

 

La France doit confirmer après les espoirs entrevus la semaine précédente. La même équipe est reconduite à peu de choses près, et on veut croire à une vraie équipe qui a enfin trouver des repères collectifs. Première mi-temps très fermée, avec des grosses défenses des deux côtés, et de nombreuses erreurs dans le jeu courant (de nombreux en avants je crois). La France va faire la différence en dix petites minutes en début de 2ème mi-temps. Par Picamoles, d’abord, qui s’extirpe d’un groupé pénétrant consécutif d’une prise en touche dans les 22 italiens et s’arrache avec sa puissance pour résister à plusieurs défenseurs pour aplatir en coin. Par Fofana, ensuite, qui récupère le ballon derrière un mol et résiste à la course à deux défenseurs le long de la touche. Et par Bonneval, enfin, qui vient conclure une très belle contre-attaque française initiée par une interception de Fofana (encore lui). Le score est alors de 30-3 et on est on ne peut plus optimistes. Et puis ? Bah et puis plus rien. 30 minutes de bouillie rugbystique durant lesquelles les deux équipes bafouent leur rugby et se foutent sur la gueule. Résultat des courses, deux cartons rouges et un jaune distribués ; et un essai italien bien dégueu en bout de ligne.

 

Score final : 30-10

 

Le cinq de devant n’a pas été impérial, loin de là, et a subit face à celui Italien. Bonne perf de la troisième ligne une nouvelle fois. Le Roux aura plaqué à tout-va et sort même sur KO. Très bon match de Fofana qui rappelle à ses éventuels détracteurs qu’il est bel et bien un top player. Bastareaud ne parvient toujours pas à utiliser sa puissance à bon escient.

 

 

PAYS DE GALLES

 

Contrairement à ce que beaucoup diront, ce n’est pas pour moi le pire match des Bleus dans ce tournoi. On a joué de malchance et du composer avec un arbitrage « maison » (en grossissant le trait). Alors oui, on fait une entame catastrophique, oui on est pris sur les fondamentaux et on subit la puissance Galloise. Mais, même si c’est tout à fait regrettable, je considère que ce sont des choses qui arrivent même aux meilleures équipes. J’entends par là que si la France commence si mal le match, c’est en énorme partie à cause de Gallois qui nous prennent à la gorge et ne nous lâchent pas la carotyde. On a été surpris par ces Gallois sur motivés, ça n’est pas la première fois que cela nous arrive et probablement pas la dernière. Pensez seulement à ce que les Anglais ont du dire de leur début de match contre nous : Est-ce que c’est eux qui ont déjoué, ou bien nous qui avons réalisé une très belle entame ? Tout dépend du référentiel en fait.Et surtout, même après cet entame catastrophique (16-3 à la 20ème, pour rappel), on sort la tête de l’eau et après deux ou trois beaux mouvement collectifs, on est vraiment pas loin de scorer (par exemple, Bastareaud parvient enfin à se servir de sa puissance à bon escient et est à deux doigts de transmettre un ballon à Bonneval pour l’essai). Je trouve par ailleurs que les Français se sont fait beaucoup pénalisés en mêlée sans que ça saute aux yeux, et je trouve aussi que le carton jaune pour Picamoles est immérité. Il est sanctionné pour une action où il ne sortirait pas de la zone plaqueur-plaqué, alors qu’il ne gêne pas la sortie du ballon et ne peut absolument pas s’extirper de la zone. Ca parait anodin, mais ce carton jaune intervient dans une phase de domination de la France et il est infligé à notre joueur le plus perforant et le plus puissant. Donc grosses conséquences.

 

Score final : 6 – 27

 

Faillite collective, il convient de le souligner, parce qu’on avait probablement les moyens pour revenir dans ce match, en début de seconde mi-temps. Mais on a manqué de patience et d’alternance dans le jeu pour marquer. Manque de solutions aussi, ce qui peut sembler inquiétant et qui renvoie le XV de France à ses vieux démons (bien aidés, il est vrai, par les journaleux de l’Equipe qui n’en ratent pas une pour critiquer les joueurs. Un connard en est même arrivé à faire un billet d’humeur en remettant en cause la formation Française dès le plus jeune âge, évoquant «Le petit gros planté là par ses parents pour qu'il se dégourdisse et qui fait des pâtés de boue dans son coin en attendant l'heure du rab de Banga et roulé-confiture ». N’importe quoi, nan mais on est où là ? Pour qui il se prend sérieusement ? Parenthèse close). Bref, malgré une entame catastrophique et une certaine fragilité, le score est trop flatteur à mon sens pour les gallois, on manque encore de lucidité pour finir nos actions, mais tout n’est pas à jeter. Bastareaud a enfin su se servir de sa puissance pr avancer et tenter de faire jouer derrière lui, il a été précieux. Le pack a cruellement souffert en mêlée et dans le jeu courant. Doussain et Plisson ont un peu paniqué et n’ont pas su trouver des solutions derrière un paquet d’avants dominé. Le triangle de derrière (Huget – Bonneval – Dulin) n’a quasiment rien eu à se mettre sous la dent, donc difficile de juger leur perf.

 

 

ECOSSE

 

Grosse désillusion. On a touché le fond en termes de jeu. Mais comme le disait Saint-André, « on fait avec les moyens du bord ». Si l’excuse est facile, elle n’en est pas moins recevable. Je m’explique : si la France a autant bafouillé son rugby, c’est en grande partie parce que les arrières n’ont eu que très très peu de ballons exploitables. Et si ils n’ont pas eu ces ballons, c’est parce que les rampes de lancement ont flanché, à savoir la mêlée et la touche. La touche, on ne va pas trop en parler, c’est très simple : 8 lancers perdus sur 14 effectués, dont 6 pour lancer pas droit. Je crois que c’est assez clair et plus que légitime de dire, dans ce cas présent, que c’est la faute des joueurs et en particulier des talonneurs (Mach et Guirado), on sent bien que les absences de Kayser et Szarz font mal à ce niveau là. En mêlée, on a beaucoup subi contre un pack qui n’a jamais été réputé pour sa puissance dans ce secteur. C’est donc assez inquiétant, même si j’ai l’impression que les arbitres, sur ce tournoi, nous avaient dans le collimateur pour la mêlée. On est dans une phase où les instances de l’arbitrage en ont ras le bol de voir qu’autant de temps est passé sur la mêlée dans les matchs, donc ils mettent tout en œuvre pour que cela redevienne au maximum une remise en jeu, même si l’épreuve de force n’est pas occultée pour autant. Le top 14 est truffé de piliers roublards qui profitent du fait que l’arbitre ne soit pas positionné de leur côté pour pousser de travers, écrouler volontairement et j’en passe. Les arbitres le savent et ils se montrent donc intransigeant la dessus à l’égard des français. Il faut donc s’y adapter, et j’ai entièrement confiance en Yannick Bru (ancien entraineur des avants du Stade Toulousain, il avait fait du 8 de devant une vrai machine qui piétinait tout sur son passage) qui dispose de joueurs talentueux, j’en suis persuadé.Pour en revenir au match, il nous manque donc beaucoup de titulaires, mais les joueurs présents pour palier leurs absences sont loin d’être des quiches, et vue la bouillie proposée par les Bleus, on est vraiment inquiets. Pas de fond de jeu, pas de grinta, pas de rebellion. Il faut montrer autre chose contre l’Irlande.

 

Score : 19-17

 

Huget nous sauve avec son interception et sa course de 80 mètres. Il a des cannes ce con ! Ca a beau etre un essai un peu dégueu à 0 passes, on préfère toujours ca plutôt que cela nous arrive à nous. Donc on ne va pas cracher dans la soupe non plus. Plisson fait un match plus que médiocre, il est surement encore trop fragile pour enchainer ce type de match et pour supporter la pression de son poste. Nul doute qu’on le reverra, après la coupe du monde, si ce n’est avant. Laissons lui le temps.

 

 

IRLANDE

 

Notre match le plus abouti sur le plan du jeu, je pense. Malheureusement, en face, c’était l’Irlande, soit le collectif le plus abouti aussi du tournoi (à égalité avec l’Angleterre, sauf qu’on a joué l’Angleterre au premier match, et elle est vraiment monté en puissance au fur et à mesure des matchs du tournoi). On peut blâmer l’équipe sur ses carences défensives, mais c’est tout. On a proposé plus de jeu que les irlandais, et ils ont surtout su profiter de nos erreurs (en attaque comme en défense) pour nous faire mal. Leur Troisième essai intervient sur une contre-attaque suite à une mauvaise transmission à l’aile entre Bastareaud et Huget (encore ce problème pour faire jouer derrière lui après contact, mais il y a réellement du mieux). Il ne faut pas oublier qu’on rate une pénalité à la 71ème qui nous aurait permis de repasser devant, qu’on passe à deux doigts de marquer en coin sur la dernière action (Papé transmet en avant à Chouly), et que l’on a su investir leurs 22 mètres très fréquemment. Il faut réussir à être plus clinique dans la finition. Exemple : en début de match, Bastareaud perce entre D’Arcy et O’Driscoll, il arrive sur les 10 mètres adverses, il a du soutient à hauteur à son intérieur et à son extérieur (Huget et un autre), mais il choisit l’option passe sautée extérieure pour Médard. S’il effectue comme il faut, c’est un esai à coup sûr. Problème, le geste est techniquement compliqué à réaliser, puisqu’il doit lober un défenseur qui gêne la transmission. Et je ne vais pas vous apprendre que Basta et les passes, ça fait deux. Comparativement, je suis certain que les irlandais, et à plus forte raison les all blacks, dans une pareille situatiuon, aurait terminé l’action dans l’en-but. Tout comme je suis certain que Fritz ou Fofana, dans cette position, aurait fait un meilleur choix. Je ne dis pas qu’ils auraient réussi cette passe à tous les coups, mais ils auraient eu la lucidité de voir que ce n’était pas la meilleure option et ils auraient privilégié la continuité du jeu à proximité. On oublie pas aussi cette ultime mêlée introduction Irlande sur laquelle les bleus plient leurs homologues (alors qu’ils ont souffert tout le match) pour récupérer la gonfle et disposer d’une dernière occasion (malheureusement vendangée par Vahaamahina qui se précipite). Gros mental.

 

Score final : 20-22

 

Des problèmes dans le repli défensif, mais les irlandais étaient systématiquement les premiers sur les rucks et arrivaient à enchainer très vite. C’était assez impressionnant.Pour les perfs individuelles, je retiens un gros matchs de Szarzewski, récompensé d’un essai, « le cœur vaillant et la pommette saignante » pour paraphraser Matthieu Larthot. Rassurant en touche (ca change des pizzas balancée par Mach et Guirado) et en mêlée, disponible et tranchant dans le jeu courant. Une mi-temps moyenne pour Domingo (dans le collimateur de l’arbitre) et Mas (blessé au coude), remplacés par Debaty et Slimani qui ont stabilisé la mêlée et ont été utiles dans le jeu. Je fais un petit aparté sur Slimani, je le trouve assez impressionnant, à mon avis, on tient un futur grand pilier droit du XV de France (poste très compliqué), c’est prometteur. Picamoles a fait du bien par sa puissance, j’imagine pas à quel point il doit encore rager de son en-avant au moment de faire la passe après réception de dégagement. Ca fait très mal, parce qu’on avait 4 joueurs replacés sur la largeur et on pouvait amorcer une attaque vraiment intéressante, au lieu de ça, mêlée irlandaise sur nos 40, pénalité, 3 points, mi-temps. Je vous laisse faire les comptes. J’ai trouvé Chouly excellent sur ce match, il a sorti des énormes plaquages et a avancé ballon en main. Il m’a bluffé par rapport à ces dernières sorties. Lapandry fait bon match aussi, beaucoup d’activité autour des rucks.Machenaud fait un bon match, à mon avis, il est un cran au dessus de Doussain, il est bien meilleur pour insuffler de la vitesse et sortir les ballons des rucks. Il colle littéralement au ballon. Tales aussi fait plutôt un bon match et me fait mentir. Il prend des initiatives et apporte tout de même beaucoup plus en défense que Plisson. Il faut lui donner les clès je pense. Il a l’air assez imperméable aux critiques, c’est très bien.Bastareaud fait un très bon match. En défense, je sais pas vraiment, mais en attaque, quel régal. Il a tout enfoncé sur son passage, et bon dieu que passage, et bon dieu que c’est dommage qu’il n’arrive toujours pas à faire jouer derrière lui… Fickou a trop cherché la solution individuelle, je pense que Médard a du avoir envie de la buter, il a quasiment systématiquement cherché à prendre l’intervalle. Mais bon, on voit bien qu’il a des grosses qualités de vitesse, d’évitement et de percussion. Il a que 19 ans, à termes, il va devenir monstrueux. Surtout s’il est encadré par Noves et Elissalde. Très bon match d’Huget. Sobre en défense et décisive en attaque. Sa claquette de la main sur la passe au pied de Talès, c’bre en défense et décisive en attaque. Sa claquette de la main sur la passe au pied de Talès, c’est magnifique, et faut pas se planter. Chapeau l’artiste. Et il se permet aussi le luxe de mettre Sa Majesté Brian O’Driscoll sur le cul par une magnifique reprise d’appui. J’en ai eu une semi-croquante. Magnifique putain. Medard fait un match inégal, du bon et du moins bon. Le bon, c’est sa disponibilité dans la ligne d’attaque et sa solidité sous les ballons hauts. Le moins bon, c’est sa défense sur Trimble sur le 3ème essai irlandais et son coup de pied mal négocié sur son aile quand il récupère un coup de pied de Talès. Je pense que vu son talent, on est en droit d’attendre mieux de lui, il l’a déjà fait par le passé à plusieurs reprise. A sa décharge, il n’est pas ailier de formation, son poste naturel, c’est arrière. Mais à l’arrière, il y a Dulin qui est quasi-intouchable. Intouchable parce qu’il a toutes les qualités de l’arrière talentueux. Très solide sous les ballons hauts, gros plaqueur, rapide, des crochets dévastateurs etc. Sa plus grosse qualité à mon avis, c’est qu’il est dur au mal : il ne s’échappe jamais. Il a vraiment pris lourd pendant ce tournoi, combien de fois je me suis dit « bon bah vu ce qu’il vient de prendre, le match est fini pour lui », et finalement chaque fois il se relève et il continue. On sent qu’à chaque fois qu’il prend la balle, il peut se passer un truc, c’est un putain de dynamiteur. Dans une équipe en confiance, qui joue bien et qui défend bien, il est le complément parfait. A surveiller donc.

 

 

 

CONCLUSION

 

C’est donc un bilan mitigé du tournoi. On a vu du bon, du très bon par moment, et du moyen, du très moyen par d’autres. Néanmoins, on finit sur une bonne note il me semble, malgré la défaite. Il faut s’appuyer dessus pour la suite et la tournée en Australie. Globalement, il nous manque de la fluidité et du vécu commun pour être capable d’enchainer les temps de jeu en avançant. Ca passe nécessairement par un paquet d’avant conquérant. Il faut travailler la dessus parce que je nous ai trouvé souvent dominés à ce niveau-là. Le plus gros point d’interrogation, à mon avis, concerne les secondes lignes. Papé et Maestri m’ont pas vraiment convaincus. Or ils sont les titulaires… J’ai peur qu’on manque de puissance à ce poste…

 

 

 

On va s'en mêlée

© 1515

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