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GUY NOVES, S'IL NE DEVAIT RESTER QU'UNE SAISON

 

 

La FFR l’a officialisé dimanche, Guy Novès occupera bel et bien le poste de sélectionneur de l’équipe de France. C’est donc le cœur lourd et empli de souvenirs que les supporters rouges et noirs disent adieu à celui qui a guidé les leurs pendant ces 25 dernières années. S'il est difficile d'isoler une saison en particulier pour refleter l'ensemble de son oeuvre, les équipes d'on va s'en mêlée ont relevé le défi. Retour donc sur la saison 2007-08. Une saison en apeusanteur.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

En Juin 2007, le Stade Toulousain sort de deux saisons blanches. Une hérésie pour un club qui a trop été habitué à gagner. Une autre année sans trophée serait jugée catastrophique, et Novès sait bien qu’en tel cas de figure, sa tête serait la première à tomber. Ainsi, alors que tous les yeux de la planète rugby sont rivés sur la coupe du monde en France, « Guytou », tapi dans l’ombre, prépare son coup.

 

LE RECRUTEMENT

 

A l’intersaison, le chantier se situe à l’ouverture: qui le trio Bouscatel–Rancoule–Novès va-t-il bien pouvoir nous débaucher pour pallier les départs de Fred Michalak (en partance pour les Sharks de Durban) et Jeff Dubois (Racing Métro)? Le stade Toulousain va surprendre son monde en n’engageant personne. Novès décide en fait de laisser la vista de JB Ellisalde s’exprimer en numéro 10, et dans une moindre mesure celle de Valentin Courrent. Pour le reste, le Stade s’est attaché à dégraisser son effectif, ne renouvelant pas les cadres vieillissants tels que Xavier Garbajosa et Gareth Thomas. Novès a conscience que son groupe arrive à maturité et que recruter à tout va n’aurait d’autre effet que de créer une concurrence indigente. Les joueurs ciblés sont tous censés apporter un plus dans l’équipe type ou la rotation. Ainsi, Byron Kelleher, ramassé sur les vestiges du Millenium de Cardiff, vient apporter son punch et sa grinta derrière la mêlée. Sowerby débarque du Stade Français pour faire bénéficier l’équipe de sa gestuelle et de sa puissance en numéro 8. Pour le reste, Novès fait confiance aux jeunes en faisant monter Mermoz des espoirs, et en recrutant Yohann Montès (pilier droit) et Yves Donguy (ailier). Hormis Mermoz, tous les joueurs recrutés auront un rôle clé au cours de cette saison hors du commun.

Autre info importante, le talonneur néo-retraité Yannick Bru prend en charge les avants en lieu et place de Serge Laïrle.

 

L’equipe type annoncée pour la saison est la suivante :

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

SEPTEMBRE - DECEMBRE: LE ROULEAU COMPRESSEUR TOULOUSAIN

 

La coupe du monde 2007 retarde le début du top 14 et de la H-Cup, ce qui permet à Novès de mettre en place une préparation estivale de qualité, tant sur le plan physique que technique. Par ailleurs, le groupe profite du retour massif des mondialistes, tous au top de leur forme pour entamer la saison.

C’est donc une équipe ultra compétitive qui débute la saison sur les deux tableaux. Le jeu pratiqué est plaisant. Les avants, sous la houlette de Bru, concassent les packs adverses, et les arrières, nous offrent de magnifiques envolées, bien emmenés qu’ils sont par un Jean-Baptiste Elissalde au-dessus du lot. Le Stade Toulousain nous offre de grands moments de rugby, comme cette raclée infligée au Leinster dans la froid du mois de Novembre. Des essais signés Poitrenaud, Courrent, Heymans et Clerc pour un résultat sans appel (33-6), à l’image du Stade en cette première partie de saison :

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Mention spéciale à Vincent Clerc, auteur d'un raffut dévastateur pour le 4ème essai.

 

 

Les Clermontois semblent les seuls en mesure de rivaliser avec les Toulousains. Peu avant la trêve, dans l’antre de Marcel Michelin, malgré la défaite (17-21), Heymans dépose une lettre sur le front de tous les jaunards pour aller planter une banderille entre les perches et leur foutre un sacré seum :

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

A noter, le caramel de Dusautoir au début de l'action. Jerry Collins likes this.

 

 

Au sein des supporters rouges et noirs, on prend conscience du talent de cette équipe, et le mot commence à circuler qu’elle pourrait aller chercher le doublé, quand bien même Novès se tue à répéter que c'est chose impossible. Les murmures se font grandissant, tout un peuple est prêt à exulter.

 

 

 

JANVIER - AVRIL: LE "CALAGE"

 

Le mot est fort. Car le Stade continue régulièrement de prendre la mesure de ses adversaires. Mais les cadences infernales liées au tournoi des Six Nations et aux nombreux internationaux toulousains convoqués font très mal à l’équipe. Outre les doublons, chers à Guytou, le Stade déplore sur cette période les pertes sur blessures de Fritz (double fracture tibia-péroné), revenu à un niveau de jeu hallucinant, Poitrenaud (fracure de la cheville), puis Clerc (rupture du ligament croisé antérieur), pour de très longues périodes. Par ailleurs, de nombreux joueurs commencent à accuser le coup physiquement. C'est le cas des mondialistes qui n'ont pas bénéficié d'intersaison. Leurs organismes sont entamés. Ainsi, la mécanique s'enraye quelque peu, et les rouges et noirs marquent le pas à quelques reprises pendant cette période , ce qui permet à Clermont de recoller au classement.

 

 

LE PARCOURS EN H-CUP

 

Poitrenaud, Fritz, et bientôt Clerc. Ce sont trois joueurs clés qui manquent donc à l’appel à l’entame des phases finales de HCup. Mais depuis le début de la saison, la rotation mise en place par le staff a permis à certains joueurs de prendre une nouvelle dimension. C’est le cas du fidjien Maleli Kunavore (il nous a quitté l’an dernier, paix à son âme) et surtout Max Médard, auteur de sorties remarquables.

C’est dans ces conditions que les rouges et noirs accueillent Cardiff au Stadium pour le quart de final de coupe d’Europe. Alors que tout le monde s’inquiète de la fraicheur physique et mentale des joueurs, ces derniers vont nous proposer un récital. La charnière Kelleher – Elissalde atteint ce jour-là une plénitude de jeu et de maitrise très enviable :

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

"jeu de mains, jeu de toulousain", rarement ces mots ont eu autant de sens

 

 

 

La semaine suivante, le Stade l’emporte aussi en demi-finale à Twickenham dans un match irrespirable face aux London Irish. Une victoire 21-15 marquée du sceau du pack toulousain. On retient notamment que Nyanga a du jouer 20 minute au poste de ¾ centre, et un Fabien Pelous en mode coffre à ballon alors qu’il s’était offert deux percées magnifiques. La preuve que le jeu au large est contagieux.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

En attendant la finale au Millenium Stadium de Cardiff, le Stade sécurise sa place de barragiste en top 14. Arrive enfin la fameuse échéance face aux Irlandais du Munster. Nos rouges et noirs s’inclinent 16 à 13 au cours d’un match extrêmement frustrant. Les avants ont subi la loi des munstermen dans les rucks, incapables de trouver des solutions face au vice et à la roublardise de leurs homologues. Notre chauvinisme nous ferait presque dire que l’arbitre s’était montré indulgent devant les bras trainants des irlandais. Mais ce que l’on retient, c’est que les absents au sein de la ligne d’arrières ont beaucoup manqué dans l’animation offensive. Beaucoup de regrets donc pour cette finale. On se souvient notamment de ce coup de pied un peu débile que Pelous assène au cul d’un irlandais alors que le jeu était arrêté, et qui couta finalement les trois points de la victoire, ainsi qu'un carton jaune pour l'intéressé.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Il lui aura au moins validé le petit. C'est toujours ça de pris.

 

 

 

LA CONQUETE DU BOUCLIER DE BRENNUS

 

Difficile de se remettre de la perte d’une compétition après autant d’efforts consentis. Les clermontois doivent probablement connaitre ce sentiment. Il faut pourtant que le Stade se remobilise pour aller chercher le Brennus. A l'issue une telle saison, il serait psychologiquement dramatique de finir bredouille. Après une gestion intelligente de la fin de la phase régulière, durant laquelle le staff fait tourner l’effectif afin de régénérer les organismes, direction les phases finales. Le classico en demi-finale n’est qu’une formalité. Max Médard dépose Julien Saubade pour aplatir une première fois en terre promise. Jauzion s’offre ensuite un doublé pour conforter le succès de son équipe.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Le jus, les cannes, la jeunesse. Saubade en a fait l'amère expérience.

 

 

En finale, le Stade retrouve son bourreau de la saison : Clermont. Défaits deux fois durant la phase régulière, les toulousains partent avec un désavantage mentale à l’entame de la partie. Mais le succès sera construit sans qu’aucune contestation ne soit discutable. Le deuxième essai est une pépite. 95 mètres remontés, 4 temps de jeu, 9 passes dont 5 off loads, la marque de fabrique de cette équipe.

Il est inscrit par Médard, encore lui, qui aura littéralement explosé cette saison, se permettant sur cette action de clouer sur place Rougerie et Nalaga, « pas les moindres », pour reprendre la l'euphémisme de Fabien Galthié :

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

QUE RETENIR DE CETTE SAISON

 

  • Si elle était composée d’individualités, c’est avant tout grâce à un collectif parfaitement huilé que cette équipe a su monter si haut dans les étoiles cette saison. Un collectif magnifié par les performances de la charnière. A la mêlée, Byron Kelleher a prouvé qu’il n’était pas venu en pré-retraite. Véritable 9ème avant, il aura tout au long de la saison emmené le pack dans son sillage, à coups de départs au ras et de percussions dévastatrices. A l’ouverture, Jean-Baptiste Elissalde a démontré cette saison-là un QI rugbystique supérieur à ceux additionnés de tous les packs du top 14.  Drops, passes sautées, passes sur un pas, jeu au pied, prises d’intervalles, feintes de passes : sa palette était complète, et il l’utilisait à très bon escient.

  • Yannick Bru, l’entraineur des avant, avait bâti un pack destructeur, symbolisé par William la bûche Servat et les deux poutres en deuxième ligne, Fabien Pelous et Pato Albacete. Si le Stade l’a emporté si souvent avec un gros écart de points, c’est avant tout grâce au travail de sape des avants, qui marchaient régulièrement sur leurs adversaires.

  • Max Médard et Yves Donguy matérialisent l’éclosion des jeunes du centre de formation. Ils ont su profité des blessures des titulaires en milieu de saison pour saisir leur chance et atteindre un niveau de jeu très élevés.

  • Comment ne pas oublier cette finale de HCup. Si près, si loin. La physionomie du match doit interroger sur la philosophie de jeu prônée par les rouges et noirs. Il est louable de vouloir privilégier un jeu de mouvement et de déplacement afin de trouver des brèches dans la défense. Mais le rugby, ça commence devant. Ainsi, un jeu restrictif mais réalisé à la perfection, comme le firent les joueurs du Munster en finale, est quasiment impossible à faire déjouer. C’est la triste réalité. 

 

 

On va s'en mêlée

JB Poux – William Servat – Salvatore Perugini

 

          Fabien Pelous  -  Patricio Albacete

 

Yannick Nyanga – Shawn Sowerby – Thierry Dusautoir

 

                                                  Byron Kelleher

 

                                         JB Ellisalde

 

    Cédric Heymans – Yannick Jauzion – Florian Fritz – Vincent Clerc

 

                                               Clément Poitrenaud

© 1515

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