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FLORIAN FRITZ EST-IL LE PLUS GRAND GACHIS DU RUGBY FRANCAIS ?

 

 

          A bientôt 32 ans, Florian Fritz est bien plus proche de la fin que du début de sa carrière. L’espoir pour lui de participer à une coupe du monde apparaît désormais bien faible. Un comble pour ce joueur ultra talentueux à qui on prédisait un avenir radieux. Si son palmarès en club est bien garni (3 titres de champion de France – 2 titres de champion d’Europe), celui en bleu-blanc-rouge est proche du néant. Mais surtout, Florian n’a jamais su se rendre indispensable au XV de France et s’inscrire dans la durée. Si les raisons sont multiples, les regrets n’en restent pas moins vivaces. Comme toute la rédac est fan de ce joueur, on vous invite à plonger dans ce qui restera certainement comme le plus grand gâchis du rugby Français. Et qui refléte de concert bon nombre de maux du rugby hexagonal.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Le type a le cheveux gras, il est mal rasé genre chicanos, mais dans le fond de l'oeil tu sens qu'il a encore la niak. 

Du genre "jte nique toi". Vaudrait mieux faire gaffe encore quelques mois avant de se foutre de sa gueule.

 

 

Retour éclair sur son parcours

 

On vous épargne le couplet sur sa naissance, ses premier pas, sa première bagarre à l’école ou encore sur la première fois qu’il a touché un ballon de rugby. Ce serait barbant et en plus on en a aucune idée. En fait, pour nous tout commence avec le Stade Toulousain. Sensible à son talent, le club haut-Garonnais lui fait alors les yeux doux, et parvient à le recruter (il jouait alors à Bourgoin-Jallieu) à l’issue de la saison 2004. C’est avec les rouges et noirs qu’il va étaler son talent aux yeux de la France (beaucoup), de l’Europe (modérément) et du monde (un peu). La paire qu’il forme au centre de l’attaque stadiste avec Yannick Jauzion est alors considérée comme une des meilleures au monde. Leur complémentarité ne fait aucun doute. Quand Yannick démontre une forte capacité à tenir debout et faire jouer derrière lui, Florian possède un potentiel de pénétration hallucinant. Les deux allient puissance, technique et vista, et font ainsi le bonheur du « jeu de mains, jeu de toulousain ». On en profite pour souligner qu’il est également un excellent défenseur, chose que nombreux « spécialistes » du rugby  français semblent oublier au moment de le comparer à Bastereaud. A la limite, David Marty était lui aussi un gros découpeur, à défaut d’avoir un cerveau.

Fritz est tout naturellement élu meilleur espoir du Top 14 en 2005, puis meilleur joueur en 2006. C’est bien simple, il décline toute concurrence dans la ville rose. Baby, Lamérat et Mermoz ont tous les trois choisi l’exil face aux bouts de matchs que leur laissait le natif de l’Yonne.

Le gamin a des cannes, de l’explosivité et un grand sens du jeu, qu’on vous propose d’explorer en vidéo, via deux des multiples compilations qui trainent sur Youtube.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

En mattant ces vidéos, on réalise quand même que ok le type est un super joueur de rugby, mais que ca reste avant tout un bon bourrin.

Son kiffe, ca a toujours été de rentrer dans le tas.

 

 

Si Fritz est indéniablement un joueur qui « sent » le rugby comme personne, il serait bancal d’occulter son caractère fantasque et bagarreur, qui lui a déjà valu bon nombre de problèmes disciplinaires. C’est bien simple, sur le terrain, il est systématiquement visé par l’équipe adverse. Le but étant de le faire dégoupiller pour qu’il soit expulsé. Entre autres frasques, on retient ce splendide doigt d’honneur adressé à la tribune ouest de la Ricoh Arena – demeure des London Wasps – après s’être vu infligé un (sévère) carton rouge en coupe d’Europe.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

C'est un joli doigt, mais aussi et surtout la preuve que parfois il pose son cerveau sur la touche ​

 

Florian Fritz et le XV de France, chronique d’un rendez-vous raté

 

Entre ses blessures, ses méformes  et ses dérapages, Fritz n’aura jamais sur se rendre indispensable à l’Equipe de France. Pourtant, tous les sélectionneurs qui se sont succédé ont voulu lui donner les clés du camion à un moment où à un autre de leur mandat. Bernard Laporte, entre 2005 et 2006, Marc Lièvremont en 2009, puis Saint-André de 2011 à 2013. A chaque fois, un ou plusieurs événements auront discrédité le joueur aux yeux du sélectionneur. Pour laporte, ce sera une baisse de forme au plus mauvais moment (2007, juste avant la coupe du monde). Pour Lièvremont, il s’agit d’une sombre histoire de passeport périmé qui n’a pas été digérée, ainsi qu’une accumulation de petits coups de sang en club. Et pour PSA, c’est la conjoncture d’un accident de scooter, d’un certain déclin du joueur, et de la montée en régime de ses concurrents (Bastareaud).

A l’époque, ces choix étaient peu contestables, on le reconnaît de bonne foi. Cependant, à postériori, quand on voit que David Marty était titulaire en 2007, que Estebanez faisait partie du squad en 2011, et que plus récemment, Alexandre Dumoulin (vous aussi ça vous fait mal au cul de réaliser ça) a participé à la fessée face aux All Blacks, on a du mal à ne pas penser qu’il y avait quand même la place pour que Fritz participe à une coupe du monde. Et on manie l’euphémisme en parlant ainsi, croyez-nous.

Mais surtout, c’est quand on entend les grands joueurs des autres nations qu’on se dit que c’est quand même du gâchis. Vous voyez qui ils sont ces grands joueurs. Ceux qui ont plus de légitimité que les journaleux en herbe qui constituent la fine fleur des spécialistes hexagonaux (on s’inclue dedans, détendez-vous). Ceux qui l’ont affronté dans des rencontres internationales de haute intensité.  On pense à Yannick Jauzion, son coéquipier de toujours en club, on pense à Brian O’driscoll, véritable légende irlandaise, ou encore à Ma’a Nonu, double champion du monde, qui avait publiquement reconnu en 2013 la supériorité de la paire Fritz-Fofana sur lui et son compère Conrad Smith suite à la triple confrontation des deux équipes eu mois de juin de la même année.

Pour le plaisir, on vous offre ce caramel de toute beauté, qui fait littéralement gicler le ballon des mains de Nonu, et qui, au passage, corrobore les propos que l’on vous rapporte :

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Un mal typiquement Français

 

Alors voilà, le but n’est pas forcément de vous convaincre que Fritz est le plus grand centre français de ces dernières années. Le monde n’arrive déjà pas à se mettre d’accord sur la couleur d’une robe, alors comment pourrait-il en être autrement à propos de Florian Fritz, joueur qui divise autant qu’il ne fait couler d’encre. Simplement, le cas Florian Fritz nous semble symptomatique d’un certain phénomène typiquement français : cette capacité à couler ses meilleurs éléments. Outre Fritz, on pense à Poitrenaud, lynché après son erreur en finale de Hcup en 2004, à Michalak, à qui l’on promettait un destin de velours lors de ses premières années sur le circuit professionnel, ou encore à Dimitri Szarzewski, l’éternel doublure à qui on a jamais réellement offert une chance de briller. On se souvient aussi de Dusautoir qui avait été désigné coupable officiel par Bernard Laporte en 2006 après une défaite cinglante contre la  Nouvelle-Zélande. Serait-il jamais devenu le Dark Destroyer sans une seconde chance et – surtout – une force de caractère hors du commun ? Et le lecteur avisé conviendra que la réflexion vaut pour d’autres sports. Zidane ne constitue peut-être qu’une exception en fin de compte. Que reste-t-il de Thierry Henry, meilleur buteur de l’histoire des Bleus, si ce n’est cette main en qualif’ contre l’Irlande (la comparaison avec Maradona et sa main de Dieu en dit long sur le sujet) ? Que reste-t-il de David Trézéguet, buteur en or face aux Italiens, si ce n’est ce pénalty manqué en finale de coupe du monde ?

La liste est non exhaustive et met en exergue le fait que pour tout bon Français qui se respecte, l’herbe sera toujours plus verte chez le voisin.

 

Fort heureusement, il n’est jamais trop tard pour corriger le tir. Et c’est bien là que l’on souhaitait en arriver. Les talents français ne manquent pas, c’est une évidence. Il est donc primordial de les préserver, d’une part en arrêtant de les dézinguer à la moindre erreur ou contre-performance, d’autre part en les mettant dans les meilleures dispositions pour profiter de leur potentiel. A titre personnel, on vivrait très mal de ne pas revoir Brice Dulin briller floqué du numéro 15 Français. Avec tout le respect que l’on porte à Scott Spedding, on le trouve un peu plus restreint rugbystiquement parlant. De la même manière, on est convaincu qu’un Camille Lopez mis dans les meilleures conditions mentales – et donc pas lynché par la presse (coucou Richard Escot) – est capable de merveilles. On rêve pour finir que le jeune castrais Antoine Dupont embrasse une longue et resplendissante carrière en Equipe de France.

Alors, souhaitons que le cas Florian Fritz fasse jurisprudence.

 

On va s'en mêlée

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