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CINQ DATES POUR DIRE AU REVOIR À DUSAUTOIR

 

 

              En marge de la réception d’Oyonnax ce week-end, Thierry Dusautoir a annoncé qu’il prenait sa retraite internationale, soucieux de ne pas devenir un boulet pour son Equipe de France (Coucou Pierre Camou, coucou Serge Blanco). L’occasion est belle de revenir sur son parcours. En cinq dates, cinq matchs, cinq faits d’armes. Pas nécessairement les plus marquants, mais peut-être ceux qui dépeignent le plus fidèlement le formidable joueur de rugby qu’il est. Par son fighting spirit, par son exemplarité sur et en dehors du terrain, et bien évidemment par son talent.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

80 sélection (dont 79 titularisations) et 56 capitanats record à date) - ça fait passer

toute envie de faire des vannes...

 

 

 

 

18 Novembre 1981, naissance d’un futur grand

 

Vous y avez cru? Naaan, sérieusement, on ne va pas s’abaisser à remplir des cases vides par des non-événements qui annonceraient une pseudo destinée toute tracée. L’Equipe maîtrise déjà assez bien l’exercice pour qu’on ait à se pervertir de la sorte.

Allez, on rentre dans le vif du sujet.

 

 

1 - France / Nouvelle-Zélande (20-18), 6 Octobre 2007, Cardiff, Millenium Stadium

 

« Les deux jours les plus importants dans la vie d’un homme sont le jour de sa naissance, et le jour où il découvre pourquoi il est né ». Cette citation de Mark Twain, qui initie le tout juste potable Equalizer avec Denzel Washington, s’applique parfaitement au parcours de Thierry Dusautoir. Si Denzel comprend qu’il devra apporter de l’équilibre dans la vie des gens qui l’entourent, le destin de Thierry sera de plaquer, de découper, de cisailler même. Et de gratter, gratter sans relâche. Ce soir d’octobre, au terme d’une performance majuscule en quart de finale de coupe du monde à Cardiff face aux AllBlacks, il assène au total 38 plaquages. Et contribue pleinement à la victoire des Bleus. 38 plaquages. En temps effectif, ça doit frôler le ratio 1 plaquage/minute. Une pure folie, face à ce qui se fait de mieux au monde à cette époque. Oliver, So’oialo, Collins, Kelleher, Rococoko, Sivivatu, Carter. Le tarif est le même pour tout le monde, sans distinction de poste, de gabarit, ou de talent. Le Dark Destroyer est né.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Rien ne vous oblige à vous coltiner les 38 plaquages. Sachez simplement

qu'on a personnellement pris énormément de plaisir à les mater.

 

 

 

2 - Nouvelle-Zélande / France (22-27), 13 Juin 2009, Dunedin, Carisbrooke Stadium

 

En cette tournée estivale 2009, le XV de France a pris rendez-vous en Nouvelle-Zélande pour un double test face à des AllBlacks revanchards (quoique handicapés de plusieurs absents) depuis la dernière défaite en coupe du monde. Dusautoir, fraichement nommé capitaine, est attendu au tournant. Il répond sur le terrain et mène les siens vers la victoire en effectuant une destruction méthodique de l’adversaire sur tous les retours intérieurs, et des grattages de balles incessants. Des essais signés François Trinh-Duc (qui rebondit sur 4 adversaires), William la bûche Servat et Max Médard permettent au Dark Destroyer de devenir le 3ème capitaine d’une Equipe de France victorieuse en terre Kiwi.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

3 - France / Angleterre (12-10), 20 Mars 2010, Paris, Stade de France

 

Le Grand Chelem fuit l’Hexagone depuis 2004. En cette édition 2010, le XV de France est en passe de l’obtenir. Après des victoires probantes contre les Irlandais et les Ecossais notamment, l’Angleterre constitue le dernier obstacle sur la route du graal. Dans un match fermé, où la France délaisse le French Flair pour un cynisme très anglo-saxon, Titi évolue donc dans un univers qu’il maitrise sur le bout des doigts. Il brille ainsi par sa capacité à mettre constamment les siens dans l’avancée. Sur l’action qu'on veut vous montrer, après un plaquage à deux sur Cueto avec Servat, qui stoppe net l’avancée anglaise, il a le temps de se replacer et de prendre de la vitesse pour aller enfoncer Lewis Moody dans le gazon. Tout un symbole. La France s’impose au finale 12-10 et Dusautoir obtient le droit de soulever le trophée du tournoi des VI nations.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Pour information, Lewis Moody, qui ne doit pas être loin du quintal, n'est pas le dernier des peintre.

Champion du monde 2003, et vice-chamiopn 2007.

 

 

 

4 - Ecosse / France (17-23), 26 Février 2012, Edimbourg, Murrayfield Stadium

 

C’est le début du mandat de Philippe Saint-André – le deuxième match très exactement – et croyez-le ou non, à l’époque, on espérait vibrer devant cette équipe de France. Comment ne pas vibrer d’ailleurs quand le Dark Destroyer se pare de sa plus belle tenue pour distribuer des caramels.

Pourtant, en ce début de match, les français sont sur le reculoir. Menés 7-0, ils subissent les impacts et sont régulièrement pénalisés. C’est le moment que choisi le Dark Destroyer pour aiguiller ses coéquipiers, grâce à un plaquage dont il a le secret. Quelques mètres d’élan, bien bas sur les appuis, il soulève son adversaire, lui fait voir les Pyrénées, puis l’enfonce dans le sol. A montrer dans toutes les écoles de rugby.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

A gauche, le plaquege de Dusautoir. A doite le résumé du match pour vous dire deux choses:

- d'une part, Malzieu fait un taff monstrueux sur l'essai de Médard. Une petite pensée

pour lui et pour son talent gâché par les blessures à répétitions.

- Le comportement grotesque de PSA en tribune aurait peut-être pu, déjà à l'époque, nous

mettre la puce à l'oreille...

 

 

 

 

 

5 - Nouvelle-Zélande / France (8-7), 23 Octobre 2011, Auckland, Eden Park

 

« Un homme de peu de mots ». « Capitaine par l’exemple ». « Il mettait la tête là où les autres hésitaient à mettre les mains et les pieds ». Les hommages des anciennes gloires du rugby Français pleuvent depuis quelques jours dans la presse à l’encontre de Dusautoir. Comment leur donner tort. S’il fallait retenir une illustration de ces propos, ce serait certainement cette finale de coupe du monde perdue face aux AllBlacks en 2011. Les Blacks. Toujours eux. Comme si c'était écrit. On dit souvent des grands joueurs qu’ils ne meurent jamais. Ce jour-là, dans un Eden Park qui n’attend que le sacre des siens, Dusautoir se mue en véritable berger de ses troupes égarées au gré d’une compétition en montagnes russes (défaite face aux Tonga en poule, exploit contre les Anglais en quart et performance indignete en demie contre des Gallois réduits à 14 plus de 60 minutes). Il prend alors littéralement des coéquipiers par la main et dirige le désormais mythique V de la victoire en plein cœur du haka néo-zélandais. La détermination dans son regard, la rage contrôlée, la soif de victoire sèment alors le doute dans les esprits Blacks et dans ceux des milliers de spectateurs présents. Inspirant, fascinant, presque mystique.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Quels frissons putain... Le gros plan sur le regard de Dusautoir à 1''30, c'est palpitaciones© garanties.

 

Par la suite, Dusautoir, le dark destroyer, le seul capable de faire trembler une nation toute entière sur ses terres, réalise un match de mastodonte, ponctué d’un essai au pied des perches (synonyme de transformation) et d’une présence de tous les instants dans les rucks. Si la France s’incline finalement d’un petit point, il aura permis de galvaniser ses coéquipiers en les entrainant dans son sillage. Dans la foulée, il est élu meilleur joueur de l’année par l’IRB. Une récompense bien maigre à côté de la perte du trophée Webb-Ellis. Un peu plus de quatre ans plus tard, on est un peu moins dupes, et on a bien compris que s’il méritait effectivement ce titre, c’était avant tout pour nous faire avaler l’escroquerie, le vol caractérisé que constitue cette finale, que les instances du rugby avait sacré un français. Dans une réalité alternative, Mr Joubert a sifflé cette pénalité en mêlée pour la France, Doussain l’a passée entre les perches, et Dusautoir est devenu le premier capitaine d’une Equipe de France championne du monde. Monde de merde.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Un résumé complet de la finale. On a pas pu le regarder. Trop douloureux.

Là on l'a fait pour vous, mais à l'avenir, il y a plus de probabilités qu'on tape "comment se faire enfiler

proprement par un élan - tuto vidéo" dans la barre de recherche google que "Nouvelle Zélande France 2011".

 

 

Bonus :

 

Si on a décidé de privilégier les joutes internationales pour illustrer le talent et le caractère du bonhomme, il n’en reste pas moins que son pedigree en club n’en reste pas moins dégueulasse. Passé notamment par le Biarritz Olympique (celui des grandes heures) avant d’atterrir au Stade Toulousain et d’en devenir le capitaine, il a eu largement le temps de garnir sa vitrine personnelle de trophées reluisants. Par ailleurs, on peut aussi penser que le talent ne mesure pas qu’aux grands matchs, qu’il faut également savoir briller lors des rencontres moins prestigieuses, à moindre enjeu, en l’occurrence sur les pelouses parfois austères et insalubres du Top 14. L’anecdote suivante résume tout le bien que l’on peut penser du joueur. Lors d’un match face à Brive au cœur de l’hiver 2011-2012, le talonneur adverse lui marche – volontairement – sur le crâne à la sortie d’un ruck. Plutôt que de se faire vengeance hors du jeu, le capitaine Toulousain parvient à contenir sa colère et attendre l’action suivante pour le viser et lui coller un bouchon d’anthologie. Voilà. C’est simple, c’est efficace et ça classe le joueur. D’ailleurs, au commentaire, Fabien Pelous ne s’y trompe pas : « c’est le joueur le plus correct du championnat, mais faut pas le chercher quoi «  (avec l’accent qui va bien).

http://www.dailymotion.com/video/xn2e63_dusautoir-enerve-contre-pablo-henn_tv

 

 

 

On va s'en mêlée

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